Les centrales hydroélectriques et leurs conséquences

Les barrages hydroélectriques ne sont pas aussi propres et verts qu’on le croit ! En fait, c’est l’inverse : ils polluent et ont des impacts gigantesques sur les milieux naturels et les espèces vivantes associées.

 

 

Les différents types de centrales hydroélectriques

L’énergie hydroélectrique utilise l’énergie de l’eau qui se déplace d’un point haut vers un point bas. On distingue plusieurs types de centrales électriques :

  • Les centrales au fil de l’eau, qui utilisent des turbines en continue pour produire de l’électricité.
  • Les centrales de lac de type « barrage », qui produisent de l’électricité en retenant de l’eau dans un réservoir situé en amont du barrage.
  • Les centrales par éclusées, qui stockent une réserve d’eau et l’utilisent pour produire de l’électricité.
  • Les centrales de pompage-turbinage (ou STEP : station de transfert d’énergie par pompage), qui utilisent un réservoir en amont et un en aval entre lesquels l’eau est pompée pour fournir de l’électricité.

Des conséquences colossales sur le cours d’eau…

La continuité écologique d’un cours d’eau est la libre circulation des espèces et le bon déroulement du transport des eaux et des sédiments (limons, sables et cailloux) constituant le lit de la rivière. Le lit d’un cours d’eau est l’espace occupé par ce cours d’eau. La ligne d’eau est la hauteur d’eau dans la rivière, et varie naturellement avec les saisons et la topographie de la vallée.

Les ouvrages hydroélectriques entraînent la création de chutes d’eau artificielles, ce qui modifie la ligne d’eau et la pente naturelle du cours d’eau. Les eaux courantes se transforment alors en successions de retenues d’eau stagnantes. La continuité écologique n’est plus assurée, et le lit de la rivière s’appauvrit. Voici une liste des conséquences de la construction d’un barrage hydroélectrique :

  • Changement de l’écoulement du cours d’eau, qui est ralenti et uniformisé.
  • Modification de la la température de l’eau.
  • Augmentation de l’eutrophisation (prolifération d’algues car l’eau stagne, le barrage rompt le lien entre l’amont et l’aval).
  • Sous-oxygénation dans les retenues d’eau artificielles et sur-oxygénation de l’eau lors de sa libération subite.
  • Modification des apports de sédiments et de graviers, qui sont indispensables au façonnage des lits et à la vie aquatique.
  • Diminution de la quantité d’eau à l’étiage (c’est à dire le début minimal du cours d’eau) en raison de l’évaporation plus forte des eaux stagnantes en été.
  • Variation des débits du cours d’eau, notamment réduction du débit après le barrage.
  • Diminution de la capacité auto-épuratrice du cours d’eau, du fait de l’écoulement artificiel forcé.
  • Augmentation des hauteurs d’eau en amont du barrage, et immersion des berges par un élargissement du cours d’eau.

L’état naturel du cours d’eau est donc complètement bouleversé, ce qui a des effets cumulés très importants sur l’état de fonctionnement des milieux aquatiques. Cela diminue fortement la richesse de la zone naturelle aquatique et provoque une forte perte de la biodiversité.

 

 

…qui impactent dangereusement le vivant

Toutes ces conséquences impactent les écosystèmes présents au niveau du barrage, et plus globalement qui sont associés au cours d’eau.

Les barrages constituent un frein à la migrations des espèces. Leur déplacement et l’accès à leur habitat sont restreints, voire condamnés, ces dernières sont donc amenées à disparaître.

Le déficit de sédiment en aval génère une érosion du lit et provoque la disparition des substrats favorables à la vie et à la reproduction des espèces aquatiques.

La fragmentation du cours d’eau, causé par les barrages, isole les populations, ce qui empêche tout échange génétique entre les différents groupes d’une même espèce : le risque de pathologie augmente, les possibilités de fuites ou de recolonisation en cas de pollution sont impossibles.

 

 

L’énergie hydroélectrique ne pollue pas : c’est faux!

L’énergie hydroélectrique nous est vendue comme une source d’énergie propre. Les chapitres précédents montrent que ces infrastructures n’ont rien de propre pour la biodiversité et les milieux naturels. En fait, c’est pire : ces centrales polluent. 

En effet, lors de mise en place de barrages hydroélectriques, la décomposition de la végétation et des sédiments submergée par les barrages, et la stagnation de l’eau dans les réservoirs notamment émettent de grandes quantités de méthane et de CO2 dans l’eau et dans l’air.

L’Institut National de Recherche Spatiale du Brésil indique même que  » les barrages sont la principale source anthropique de méthane, responsable de 23% des émissions [de méthane] liés aux activités humaines « .

Certaines études pensent même que ce nombre de 23% pourrait être sous-estimé, et que les barrages pourraient polluer plus que les centrales à charbon.

Je vous recommande l’article de Nicolas Casaux (Comment les barrages détruisent le monde naturel (et non, le Costa Rica n’est pas un paradis écologique) et ses sources pour comprendre plus en détails l’impact de ces centrales hydroélectriques.

 

 

Bien d’autres conséquences…

Nous savons également que ces barrages, et notamment les immenses projets de grands barrages, menacent directement les millions d’autochtones qui vivent sur les rives des fleuves convoités. Pas de chance, ce sont les derniers peuples dont le mode de vie est soutenable (on ferait pas mieux de s’inspirer d’eux plutôt que de les menacer?).

De plus, la création de ces barrages nécessitent énormément de ressources et d’énergie pour être fabriqués, maintenus, etc.

Enfin, ils perpétuent l’illusion que nous pouvons continuer à consommer comme nous le faisons sans que cela n’ait d’impact sur la nature, le changement climatique, le vivant, nous. En se concentrant sur cette illusion, on perd du temps et de l' »énergie », plutôt que de se tourner vers une vraie transition plus sobre et moins destructrice.

Un commentaire

  1. Très instructif, merci de cette explication qui permet de comprendre certaines choses. En même temps aussi qu’aucune source d’énergie n’est dénuée d’un revers de la médaille. C’est vraiment l’énergie que l’on ne consomme pas qu’il faut donc privilégier (dis je en étant assise à mon ordi à rédiger un mail….)

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